Le vrai Nietzsche, Guerre à la guerre
EAN13
9782705685539
Éditeur
Hermann
Date de publication
Langue
français
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Le vrai Nietzsche

Guerre à la guerre

Hermann

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Nietzsche, le philosophe briseur d'idoles, reste à découvrir, car il se trouve
comme enseveli sous des altérations, des mensonges et des falsifications. En
fondant à Weimar, en 1897, le Nietzsche Archiv, sa soeur Elisabeth Förster,
veuve de l'auteur de la Pétition antisémite de 1880, a entrepris une démarche
publicitaire et politique qui devait être marquée par un point culminant : une
visite officielle de Hitler, peu après sa prise du pouvoir en 1933. Elisabeth
fabrique, sous le titre La Volonté de puissance, une édition tronquée des
inédits de son frère. Truquage redoutable envers un Nietzsche qui rejetait
avec véhémence « la folie du Reich », la « canaillerie antisémite », le «
balourd bavardage aryen » lui qui, très expressément, se déclarait « l'Anti-
antisémite ». Dans l'après-guerre, en 1961, le Nietzsche de Heidegger a semblé
amorcer une fausse « réhabilitation » nietzschéenne. C'était oublier que ce
livre n'est que la suite des Leçons prononcées durant dix années de Reich
hitlérien, de 1936 à 1945, par l'auteur de la Profession de foi en Adolf
Hitler de novembre 1933. Ces leçons déploient une longue stratégie du
discours, par laquelle ce membre du Parti nazi défend avec âpreté ses
positions face à un autre clan plus acharné qui, depuis 1934, l'accuse
violemment de représenter le « nihilisme métaphysique ». Formule de
dénonciation que Heidegger, curieusement, tout en la questionnant comme «
aberrante », va reprendre à ses adversaires pour en faire le tournant de sa «
seconde philosophie ». Mais en la retournant à contre-sens, et de façon
provocatrice, précisément contre Nietzsche. Pour l'introduire de force dans
cette « polémique aveugle ». Détournement plus subtil, certes, que celui
d'Élisabeth. Mais qui renazifie indûment Nietzsche, sur une autre échelle du
discours. Et qui va diffuser un brouillage durable de la pensée nietzschéenne,
dans tout l'après-guerre. Il faut donc retrouver le véritable Nietzsche et son
attention virulente aux renversements des perspectives. Celui qui, tel
Cézanne, recherche la perspective par la couleur par ses pensées multicolores.
Le Nietzsche ironique, témoin passionné du voyage vers l'Europe Une, vers le
bon Européen qui sait penser extra-européen. Nietzsche déclare la guerre à la
paix armée de l'Europe, à la guerre des nations et des empires. À la guerre du
criminel écarlate du jeune Hitler et de ses noirs valets. Au Nietzsche contre
Wagner s'ajoute ainsi en finale un Nietzsche contre Hitler. Ce Nietzsche-là
s'attribuait la prémonition des deux prochains siècles. Il nous reste un
siècle encore pour le penser, après l'avoir trouvé. À l'horizon qui,
d'Héraclite à Nietzsche, va laisser voir, renarrer et déchiffrer ce que nous
faisons en dormant. Dans le cauchemar de l'Histoire. Mais déchiffrement qui
compte les enjeux. En cela que Nietzsche nomme déjà le Grand Danger. La
gravité des enjeux est ici à la mesure de l'ironie qui les capte. C'est la
tâche que s'est donnée Jean Pierre Faye, l'auteur de Langages totalitaires.
Elle suit le fil conducteur que trace la rigueur de la philosophie à l'horizon
de l'Histoire.
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