Apologie du silence
EAN13
9782845901407
ISBN
978-2-84590-140-7
Éditeur
Arfuyen
Date de publication
Collection
Les Cahiers d'Arfuyen (volume 185)
Dimensions
20,5 x 13,6 x 1,4 cm
Poids
234 g
Langue
français
Code dewey
841
Fiches UNIMARC
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S'il fallait situer Alain Maumejean, ce serait sans doute du côté de Beckett et de Blanchot, de Cioran et de Michaux. Une écriture sans concession, qui traque l'auteur et le lecteur après lui dans les méandres de tous les mensonges consolateurs et le laisse seul et nu face au peu de lui-même : « que dire d'une telle chronique de vacuité se vouant à la plainte, quand il est cependant exclu de ne rien dire, quand de n'attendre rien ne supporte pas la malédiction de se taire... que me dire d'autre que cela seul : qu'il ne m'est pas permis de ne plus rien attendre. ce qu'il faut nommer silence, serait-ce ici ce que je ne sais pas dire alors que, pour toi, ô mon lecteur, et ce seul autre qui revient à moi-même, s'il faut que nous demeurions ensemble, c'est de retourner ensemble au silence qui est ce qu'ensemble nous disons. »
Pas de poèmes, qui seraient déjà l'acceptation d'une convention, d'une finalité. Masi une prose tâtonnante, taraudante, vrillante. Incertaine, quoique somptueuse souvent. Et d'autant plus exigeante de précision et d'élégance que sûre seulement de son incapacité foncière, de son inaptitude radicale, de son échec définitif à dire ce qui seul serait à dire. Une écriture qui n'est que l'impossibilité du silence.
Car si l'écriture ne peut rien dire, si le silence enferme à jamais ce qui seul mériterait d'être dit, au moins l'écriture peut-elle célébrer le silence, s'en faire l'écho, de la même manière qu'un mot prononcé dans le vide d'une grotte n'a d'autre sens que d'en faire entendre le vide...
Une écriture sans attente - puisque à jamais la langue est infirme à dire le secret qui dans l'écriture cherche à se dire. Une écriture cependant plus que tout nécessaire puisqu'elle engage tout l'être. Puisque ce désir de dire est notre être même : « il reste à murmurer, écrit Maumejean, que ce que nous sommes sont des mots, et que ce murmure passe le seuil de toute appréhension ».
Depuis trente ans, Alain Maumejean a choisi de vivre en rigoureux accord avec son chemin d'écriture, dans la solitude et le détachement. Ses correspondants sont comme une petite société secrète. Chaque année, il leur adresse par courrier l'unique texte qu'il s'autorise à écrire, au mois de février, pour rester tout le reste de l'année dans le silence.
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